Émotivement, je ne m’étais autant jamais sentie aussi ridicule que pendant ma grossesse. Je paniquais pour tout et pour rien même au point d’appeler la police pour rechercher le père de mon enfant qui était parti en balade toute une journée pour ne rentrer que vers 4h du matin. Oui je me suis sentie bête, mais cela n’est rien comparé aux moments de déstabilisation émotionnelle que j’ai vécu après l’accouchement. C’était bien pire car en plus de me ridiculiser, je ne comprenais pas ce que je vivais et ce minuscule bébé qui pleurait tellement et qui tirait fort sur mes mamelons.
De la coloration noire ébène sur mes formations mammaires, la coloration était rapidement passée au noir grisé avec plusieurs plaies et du rouge partout donnant une forme de rouge à lèvres. Dès que le bébé réclamait les seins je fondais en larmes aussitôt redoutant la douleur. En effet, dès que l’enfant tétait je revivais l’accouchement car vous n’êtes pas sans savoir qu’au début pour celles qui ont accouché par voie basse ou v**g**le comme par césarienne, chaque fois que vous allaitez, votre utérus auparavant étiré se contracte pour pour reprendre progressivement sa forme originale. Une bonne chose oui, mais terrible à vivre. Je vivais un cauchemar et personne ne le voyait. Voici l’histoire de mon postpartum.
Il faisait sa vie et moi je vivais ma grossesse
Il est important que vous vous souvenez que je vivais seule bien que je vivais avec un homme. C’est à dire que plusieurs phases de ma grossesse ont été vécues individuellement. Le Monsieur voyageait même si j’étais malade incapable de manger ou de marcher. Il se parfumait extrêmement bien bien que j’avais constamment la nausée. Il ne m’accompagnait pas à l’hôpital sauf pour une échographie où il a boudé le sexe de l’enfant et pour deux cours périnataux sinon j’y allais tranquillement seule. Il m’avait même chassé de l’appartement que je payais à moitié à mes 7 mois, une nuit et en pleine pluie, 2 valises à descendre puis trainer sur des kilomètres. Mais après une sage réflexion j’avais accepté d’y revenir suite à ses plates excuses. Mais il irritait toujours mes nerfs car on était toujours entrain d’argumenter. Alors tellement j’étais nerveuse qu’il était préférable de ne pas le voir. C’est d’ailleurs ainsi que j’ai compris qu’on n’était pas compatible. Je n’aurai pas la prétention de dire que j’ai vécu une grossesse solitaire mais ce n’était pas dans la joie, ni dans l’amour. Il faisait sa vie et moi je vivais ma grossesse tout comme des colocataires. Appréhendant un accouchement sans réjouissance puisque j’étais très très loin de toute famille, j’avais à quelques jours semaines de ma date prévue d’accouchement, décidé de me commander des parfums avec une carte cadeau adressée à moi même. Malheureusement ce cadeau n’a pas suffit à m’éviter la dépression postpartum en occident.

Le cauchemar du postpartum
J’ai eu plusieurs points de suture que je ressentais terriblement de l’avant à l’arrière. Je me souviens que l’infirmière m’avait demandé si j’avais pu faire du vent (p*ter) et j’ai dit : » non, j’oserai même pas « . Juste pour vous dire que j’avais l’impression d’être divisée en 2. Mon bébé allait bien. Je suis bien chanceuse mais je le regardais curieusement. J’avais pas faim même si pendant les 2 journées à l’hôpital on nous servait quelques légumes ou du yaourt que je les consommais sobrement. Tout ce temps le père venait aléatoirement. Rarement seul , l venait accompagné de personnes aussi ignorantes que lui. Il arrivait parfois avec des sandwichs ou des plats qu’il mangeait allègrement sous mes yeux sans m’inviter. une chance que j’avais pas faim alors je le regardais faire. Rien d’étonnant venant de quelqu’un qui en lieu et place de félicitations a préféré me dire : » Tu as décidé d’être mère alors te voilà servie. Sachez que les mamans souffrent alors tu vas souffrir. » Et c’est bien ce qui s’est passé sur plus de 10 années.
De retour avec le bébé à ce nouvel appartement occupé il y a 3 semaines environ, j’avais constaté un désordre déprimant. Tout était comme je les avais laissé. Il y avait toujours aucun rideau dans les pièces. Juste une TV et le canapé rouge. On entendait encore l’écho des voix. Mon bébé n’avait pas de berceau. Aussitôt arrivé le père de l’enfant était déjà reparti! Pour lui son congé de paternité était un véritable congé de vacances. Je me souviens encore comment il me tournait en ridicule lorsque je lui demandais de rester les yeux rouges. Je m’étais donc retrouvée seule avec un nouveau-né sous les bras qui pleurait et réclamait mes seins endoloris. N’ayant toujours pas d’appétit, je buvais, j’attachais mon ventre et je marchais dénudée dans la maison sans voiles aux fenêtres, la tête dans les airs et toujours en larmes. J’avais peur de me laver, craignant que l’enfant ait besoin de moi mais en même temps j’avais peut de l’allaiter. Progressivement mes seins gonflés de lait, se sont dégonflés. L’enfant pleurait toujours et je ne comprenais pas mais je l’aimais tellement à la fois.
Des fois je m’approchais en colère à cause des bruits mais ayant peur je restait à 2 mètres pour lui chanter des berceuses. Par moment ça marchais mais pas pour longtemps et je pleurais aussi. Je l’habillais comme je pouvais mais j’avais peur de lui faire mal et quand le résultat était bizarre, je pleurais encore. La nuit tombée, c’était encore grave. Le père de l’enfant me criait dessus parce que le bébé pleurait trop selon lui alors que moi j’étais épuisée de mes activités de la journée. Il me forçait donc à me lever pour m’occuper de l’enfant et repartais s’allonger au salon. J’étais totalement déroutée car je devais me lever 4 à 5 fois la nuit. Je pleurais en pensant à ma famille et mes cousines qui avaient des domestiques pour les aider tandis que moi j’étais complètement seule. Deux semaines après qui m’ont paru aussi long que 3 mois, mon bébé eu des boutons inexplicables partout sur le corps. Mon beau bébé était devenu laid à mes yeux alors je pleurais encore plus.

Déstabilisation du corps et du cerveau
Les variations extrêmes que subissent l’organisme féminin en plus de l’intensité de l’accouchement, font que la centrale nerveuse est facilement affectée. Malheureusement, la voix des femmes souffrant de la dépression postpartum reste souvent silencieuse (Zauderer Cheryl, 2009). Ce n’est pas moi qui le dit. Car effectivement qui nous croirait si nous ne sommes pas contentes de voir enfin ce bout de chou gardé au chaud dans notre corps? Très peu et encore moins mes sœurs africaines, mais les femmes d’expériences, oui nous reconnaissent mais en silence. C’est ‘une des raisons pour lesquelles le rôle d’une infirmière est aussi crucial que donner vie car il faut redonner vie à la mère qui doit renaître et continuer de s’occuper de ses enfants. Une infirmière incapable de jouer ce rôle ne serait pas à sa place. Pourtant on assiste partout au monde à des scènes horribles où les infirmières posent des actes graves. Détrompez-vous, ça ne se pas qu’en Afrique.Ça existe partout au monde. J’en ai subi des frasques.Un autre conseil à la future mère serait de ne pas se rendre à la maternité seule et surtout pas avec une personne qui vous irrite même s’il s’agit de votre mari. Prenez vos 9 mois de grossesse pour dénicher la bonne personne généreuse qui devrait vous accompagner à l’hôpital et veiller sur votre bien.
La main tendue
J’avais pleuré pour tout et tous les jours quasiment jusqu’à ce qu’un jour une voisine de mon bâtiment (que j’avais aidé maladroitement alors que j’étais à terme), vint me voir. Je l’avais pourtant évité car je voulais pas me faire des amis nécessairement mais elle avait insisté pour connaître mon appartement. Pour ne pas être longue alors, elle entra 5 min dans mon appartement et après un coup d’œil me dit ceci : Dieu t’a confié cet enfant parce qu’il a confiance en toi. Cette confiance il l’a fait à toi et pas à toutes les femmes tu le sais. Prouve lui que tu mérite sa confiance. Mon cerveau émergea du coup des eaux profondes, tellement touchée par ces mots car je me noyais déjà psychologiquement. Je voulais être à la hauteur car j’adore les enfants et au-delà de mes problèmes de couple, j’ai soigné ma grossesse du mieux que je pouvais et je savais que j »étais prête à la maternité sauf que je ne connaissais pas l’effet du baby blues.
As-tu mangé depuis ? poursuivit-elle – Je lui répondis que non pas vraiment. Elle insista pour savoir si j’avais du lait dans les seins, puis voir les habits que j’avais pour le bébé et me demanda de venir chez elle. Elle me fit à manger comme une princesse. Elle m’expliqua comment habiller le bébé et pourquoi. Ensuite, elle me fit don d’un manteau d’hiver d’une de ses enfants car elle en avait 2. Je me suis sentie renaître et ma vie commença à changer. Aucune amie ne l’avait fait pour moi, c’était encore une parfaite étrangère pou moi. Je vivais la dépression postpartum mais grâce à cette voisine, j’avais de quoi m’accrocher pour survivre. J’avais juste besoin de chaleur humaine véritable.
Joyeuse fête des mères à toutes les femmes du monde!
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